Patrimoine

Patrimoine bâti

Les églises : l’ancienne église

Procès-Verbal de visite du 9 septembre 1728

Le même jour et an que dessus nous Vicaire Général susdit avons fait la visite de la paroisse de Barriac et avons trouvé ce qui suit. L’Eglise est bien voûtée, il pleut sur le chœur ; le pavé de la nef a besoin de réparations, il faudrait recrépir et blanchir les murailles de la nef, il n’y a point de vitre à la croisée de la tribune. Il manque quelques carreaux aux fenêtres de la nef. La pierre sacrée du maître-autel est cassée par un des coins et la croix supportée, le tableau du Retable a besoin d’être lavé, les vases sacrés sont en état, si ce n’est qu’il manque une croix sur le couvercle du ciboire ; le linge et chasubles sont en bon état et quantités suffisantes, le pluvial est fort déchiré, les fonts Baptismaux sont très mal propres et ont besoin de décoration, le couvercle de la cuvette où est l’eau Baptismale n’a point d’anses ; les grilles des confessionnaux sont sans volets et les grilles de l’un d’eux sont en mauvais état ; le banc de Mr d’Arcis est trop proche du balustre et doit être placé ailleurs.

Sur quoy, nous avons ordonné ce qui suit, la couverture du toit sera réparée ainsy que le pavé de la nef ;les murailles de ladite nef seront recrépies et blanchies ; les vitres de la tribune et de la nef seront raccommodées ; on se pourvoira dans les trois mois au plus tard d’une pierre sacrée pour le maitre autel. Après lequel temps celle qui y est demeurera interdite ; le tableau du retable dudit autel sera relavé et nettoyé ; il sera remis une croix sur le couvercle du ciboire ; et il sera fourni un pluvial qui puisse servir pour toutes les couleurs ; les fonts Baptismaux seront proprement tenus et décorés et il sera remis une anse au couvercle de la cuvette dudit fonts ; les grilles des confessionnaux seront réparées et le banc de Mr d’Arcis qui est joignant le balustre de communion en sera retiré et placé ailleurs ; le tout au dépens de qui il appartiendra et à la diligence du sieur Vicaire forain du district qui nous certifiera dans trois mois l’exécution de notre présente ordonnance. Donné à Barriac dans le cours de notre visite le 9 septembre 1728.

Signé : L.G.Gueret
(Louis Gabriel Guéret)

 

Ordonnance pour Barriac suite à la visite du 9 septembre 1728

Jean Armand…vu le Procès-Verbal de visite faite de notre ordre dans l’église de Barriac par le sieur Guilhe notre Vicaire forain au District de Bozouls nous avons ordonné et ordonnons que les murailles de la nef seront recrépies et blanchies, les pavés et les vitres d’icelle et celle de la tribune seront réparées, les grilles des confessionnaux seront raccommodées, les murailles de la clôture du cimetière seront réparées et les surplus de l’ordonnance de visite rendue le 9 septembre 1728 par le sieur Guéret notre Vicaire Général sera incessamment exécuté. Ordonnons en outre que l’entrée du puis qui est dans ladite église sera fermée de maçonnerie et couverte d’une grande pierre placée au niveau du pavé et marges dudit puis rasées. Défendons dorénavant d’y laisser prendre de l’eau sous peine d’interdiction de ladite église. Le tout aux dépens de qui il appartiendra. Enjoignons…

Donné à Espalion le jour et an que dessus
Guéret V.G

Sur ce plan du cadastre napoléonien le positionnement de l’ancienne église est matérialisé par la croix rouge.

Les églises : de la construction de la nouvelle église à la restauration des vitraux

De la construction de l’église à la restauration des vitraux 1880-2015.

 

Compte tenu de la vétusté de l’ancienne église et sa dangerosité, une nouvelle église paroissiale a été construite à partir de 1880 en lieu et place du cimetière, lequel a été transféré aux Escouders.

Sa construction a duré jusqu’en 1882 et a coûté 43 300 francs or, soit 433 000 francs d’aujourd’hui, soit environ 64 950€ ( 1 franc or= 10 francs actuels…le franc or a eu cours jusqu’en 1914). La collectivité n’a pas participé au financement de cette opération, se contentant seulement d’accorder le permis de construire. Les délibérations du conseil municipal de Bozouls démontrent son opposition au projet porté par la Fabrique de Barriac (conseil paroissial) et finalement pourquoi c’est la seule générosité des paroissiens et leur implication dans les travaux qui ont permis son édification. Il est bon de rappeler que le ministère de l’intérieur et des cultes a toutefois accordé un secours de 4 000 francs par décision ministérielle du 19 mars 1878.Pour information, à la reconstruction de l’église il faut rajouter les frais occasionnés  par la restauration complète du presbytère pour un montant de 8800 francs or. La totalité des travaux ont coûté 521 000 francs actuels, soit 78 150€.

A ce montant il faut rajouter 2300 francs or pour les vitraux, 490 francs or pour le paratonnerre, 1750 francs or pour les cloches, 480 francs or pour le chemin de croix, 1025 francs or pour l’autel du Sacré-Cœur, 725 francs or pour l’autel de la vierge, 1200 francs or pour la chaire, et 1830 francs or pour le maître autel soit un total supplémentaire de 9800 francs or, 98 000 francs actuels, soit 14 700€.

Pour ce qui concerne l’horloge de l’église , nous n’avons trouvé aucune trace de son financement ; toutefois selon certains témoignages, il semblerait que son installation ait été pris en charge par une souscription de quelques paroissiens, certains avancent même l’hypothèse d’un don.

Conseil municipal : session du 15 mai 1877.

« Monsieur le Maire de Bozouls communique au conseil municipal, la demande formulée par la Fabrique de Barriac afin d’obtenir son appui pour solliciter un secours du gouvernement d’un montant de 7000,00 francs et une subvention sur les fonds communaux de 4566,00 francs pour l’aider à la construction de son église.

Après avoir lu la délibération du conseil de la demande de la Fabrique en date du 15 avril 1877 et mis à la disposition du conseil le dossier relatif à la construction de l’église et à la démolition de l’ancienne église, le maire invite le conseil à délibérer.

Ce dossier comprend :

  • d’une part le plan de l’église à construire et d’autre part les modalités de démolition de l’église en état actuel ;
  • un état de souscription de divers habitants de Barriac qui montre que la fabrique est en mesure d’affecter à ces travaux une somme de 38 434 francs.

Le conseil après un examen des pièces produites et des observations de plusieurs de ses membres,

  • considérant que le dossier est incomplet,…et qu’en particulier il n’y a aucune pièce propre à établir soit l’urgence, soit la nécessité de cette reconstruction, que rien n’indique la possibilité par exemple de réparer l’église actuelle et de l’agrandir,….que l’obstination avec laquelle la Fabrique s’oppose à ce que lumière soit faite sur ce point capital, peut laisser des doutes sur la nécessité d’une construction nouvelle alors qu’il est notoire qu’il y a des opposants à cette construction même parmi les habitants de Barriac ;
  • considérant que les pièces produites ont été faites en l’absence du maire, représentant légal de la commune,…qu’un projet ainsi fait en dehors de l’administration communale et sans sa participation ne saurait la lier, et surtout que le devis de 42 000 francs peut paraître exagéré,
  • considérant que la commune est pauvre et sans ressources, sachant que ses budgets ne s’équilibrent qu’au moyen d’une imposition extraordinaire pour payer le salaire annuel du garde champêtre,…elle ne pourra fournir à la Fabrique la somme demandée qu’au moyen d’un nouvel impôt extraordinaire fort onéreux ;
  • considérant qu’il est du devoir du maire et du conseil municipal de vérifier avec le plus grand soin si la construction nouvelle est réellement indispensable, et si le devis n’est pas exagéré,…et surtout s’il ne serait pas possible de restaurer et d’agrandir l’église actuelle, ainsi que l’ont prétendu des paroissiens de Barriac,…et d’éviter ainsi des dépenses considérables et au-dessus des forces de la commune ;

pour toutes ces raisons, le conseil sursoit à délibérer en l’état et renvoie la demande et le dossier à M. le Maire et l’invite à compléter au plutôt l’instruction de cette demande par des vérifications, des enquêtes, en un mot par tous les moyens légaux qui sont à sa disposition pour être ensuite statué ainsi qu’il y aura lieu. »

Extraits du compte rendu de la session.

 

Conseil municipal : session du 27 septembre 1877.

« M. le Maire donne connaissance au conseil municipal d’une lettre de M. le Préfet de l’Aveyron en date du 21 juillet 1877 par laquelle ce magistrat le prie de communiquer au conseil un courrier de M. Vanginot, architecte départemental relatif à la construction de l’église de Barriac et l’invitant à participer à la dépense.

Le conseil, après une vive discussion, vu sa dernière en date du 15 mai dernier,

  • considérant que les conditions de cette dernière délibération ne sont pas encore remplies, qu’il n’y pas eu encore d’enquête, sursoit à délibérer en l’état sur le vote des ressources, prie M. le Maire de provoquer une enquête quant au choix de l’emplacement, attendu qu’il y a des opposants et décide que les fonds dont dispose la Fabrique de Barriac soient suffisamment établis et garantis.

Le conseil désire en outre qu’il soit fait un nouveau rapport, attendu que l’architecte Vanginot n’exerce plus ses fonctions et que par conséquent, il ne pourrait pas surveiller les travaux dont il a fait les devis et plans.

Ainsi délibéré les jour, mois et an susdits et ont signé les membres présents…. »

Extraits du compte rendu de la session.

 

Conseil municipal : session du 13 juin 1878.

« …M. le Maire donne lecture à l’assemblée :

1° d’une lettre de M. le Préfet, dans laquelle ce magistrat le prie de mettre le conseil en demeure de se prononcer sur l’emplacement sur lequel doit être reconstruite l’église de Barriac ;

2° d’une délibération du conseil de Fabrique de l’église de Barriac sollicitant du conseil municipal l’autorisation de construire la nouvelle église sur l’ancien cimetière de cette paroisse ;

il dépose ces deux documents sur le bureau ainsi que le dossier relatif à cette affaire et invite le conseil à délibérer.

Le conseil, considérant que les membres de la Fabrique, dans la délibération précitée, déclarent avoir la totalité des ressources nécessaires, donne droit à leur demande et les autorise à faire reconstruire leur église, partie sur l’ancien cimetière et partie sur la voie publique conformément au plan fait par M. Vanginot et conformément à leur demande… »

Extraits du compte rendu de la session.

 

Conseil municipal : session extraordinaire du 5 octobre 1879.

« …M. le Maire donne ensuite lecture au conseil d’un arrêté de M. le Préfet en date du 17 septembre dernier par lequel ce magistrat l’invite à réunir extraordinairement le conseil municipal pour le faire prononcer tant sur la question de l’emplacement de la nouvelle église de Barriac que sur le mérite du projet dressé par M. Vanginot.

Le conseil à l’unanimité maintient sa délibération du 13 juin 1878….donne à l’unanimité son approbation au plan et au projet qui lui sont présentés mais considérant que la Fabrique de Barriac demande à construire son église sur un terrain communal, est d’avis qu’une enquête publique soit présentée dans le plus bref délai possible vu l’urgence de la construction de l’église.

Ainsi délibéré les jour, mois et an sus dits et ont signé les membres présents… »

Extraits du compte rendu de la session.

 

Conseil municipal : session du 10 novembre 1879.

« …M. le Maire donne ensuite lecture au conseil du procès-verbal de l’enquête qui a été faite au sujet du choix de l’emplacement sur lequel doit être reconstruite l’église de Barriac et l’a invité à donner son avis.

L’assemblée, après avoir pris connaissance de toutes les pièces relatives à cette enquête, considérant que l’immense majorité des intéressés désire que le projet proposé par M. Vanginot  architecte soit adopté, est d’avis à l’unanimité qu’il leur soit donné satisfaction et émet le vœu que les travaux soient mis en adjudication dans le plus bref délai possible… »

Extraits du compte rendu de la session.

Une anecdote :

La construction de l’église a nécessité l’abattage de deux arbres. C’est pourquoi le Conseil Municipal dans sa séance du 9 mai 1880 à décider de les vendre aux enchères. Cette vente a rapporté 80 francs or, soit 800 francs d’aujourd’hui, qui ont été investis dans la rénovation de la fontaine de Grèzes.

 

L’adjudication des travaux a été publiée par les trois journaux de l’arrondissement – Le Journal de l’Aveyron, Le Courrier Républicain de l’Aveyron et l’Aveyronnais fin décembre 1879 et publiée par affichage dans la commune de Rodez et les localités environnantes.

«  Les entrepreneurs sont prévenus que le dimanche 23 décembre à une heure du soir, il sera procédé à l’adjudication des travaux de construction de l’église de Barriac, commune de Bozouls.

  • montant des travaux……..40.235fr, 19 c.
  • ……………..3.600fr.

On peut prendre connaissance des pièces à Barriac, au presbytère, où aura lieu l’adjudication, et à Rodez, chez M. Vanginot, architecte. »

Le procès-verbal d’adjudication des travaux à effectuer pour la construction de l’église de Barriac qui s’est tenue à la préfecture le 19 janvier 1880, en présence de messieurs Foulquier, président de la Fabrique, Mazars Pierre, Durieu Joseph, membres de la Fabrique, et Fau Jean-Louis trésorier, Vanginot, architecte, et Tarayre, maire de Bozouls, indique que l’entrepreneur Calixte HAON d’Agen a obtenu le marché pour un montant de 37.653fr,19c.

Monsieur Vanginot, architecte diocésain, ayant dressé les plans de l’église, a dirigé l’ensemble de sa construction avec monsieur Hurel, conducteur de travaux. L’entreprise Haon Calixte a réalisé le gros œuvre; l’entreprise Triadou de Rodez a fondu les trois cloches dont une avec la vieille cloche de l’ancienne église. Une petite cloche a été conservée en témoignage du passé. Un seul artisan de Barriac est intervenu sur le chantier, il s’agit du maréchal-ferrant, monsieur Franques.

 

Aujourd’hui, l’état général du bâtiment se dégradant, l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de Barriac et la Mairie de Bozouls ont choisi de concentrer leurs efforts sur la restauration des vitraux. En effet, réalisés par le maître-verrier de Rodez, Laurent-Thibaut Lachaize, ils sont caractéristiques de la fin du 19èmesiècle.

Le conseil municipal de Bozouls, dans sa délibération N°66 le vingt-six novembre de l’an deux mille treize, a décidé de permettre à la Fondation du Patrimoine d’organiser une souscription publique pour financer les travaux de restauration des vitraux de l’église de Barriac et d’autoriser Monsieur le Maire a signé tous les documents relatifs à cette affaire et en particulier le dossier préalable au lancement d’une campagne de mécénat populaire.

Dans la convention de souscription, signée le 29 juillet 2013, par le maire de Bozouls, le délégué départemental de la Fondation du Patrimoine et le président de notre Association, il est mentionné en son article 4 que « l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de Barriac» en collaboration avec la mairie, maître d’ouvrage, se chargera d’animer la souscription et notamment de diffuser les bons de souscription.

Après avoir consulté l’Architecte des Bâtiments de France, le maître d’ouvrage a confié la restauration des vitraux à Géraldine Latieule demeurant à Barriac  et Emilie Seguret (Cf devis ci-après).Pour la bonne marche de ce chantier, les travaux ont été programmés en trois tranches ;

  • 1ère étape : la baie de l’entrée, la chapelle sud, la chapelle nord, la rosace pour un montant de 10369€ ;
  • 2ème étape : le chœur pour un montant de 9230€ ;
  • 3ème étape : la nef pour un montant de 8831€.

 

Sources : Délibérations du conseil municipal de Bozouls ; Archives Départementales de l’Aveyron sectionO ; Archives de l’évêché de Rodez.

Les vitraux restaurés