Patrimoine

Patrimoine naturel

Faune et Flore

On ne peut évoquer, même succinctement, la flore et la faune des environs de Barriac sans
tenir compte de ce qui a été précisé précédemment, lorsqu’il a été question de la géologie et, peut-être plus encore, de la géomorphologie du territoire concerné.
On constate, en effet, des différences assez sensibles de peuplement entre le plateau calcaire, au Sud du village, rattaché au Causse Comtal, lui-même diversifié en croupes arides, appelées localement « devèzes » et en combes argilo-marneuses fertiles et les canyons du Dourdou et du Gibrou qui le bordent au Nord ou l’entaillent profondément vers l’Est.
Même sur un espace aussi restreint que celui que nous venons de cerner ci-dessus, la simple énumération des espèces floristiques et faunistiques présentes occuperait des pages et des pages, d’une lecture fastidieuse, aussi, nous contenterons nous d’en citer certaines parmi les plus caractéristiques ou les plus remarquables, en tenant compte des divers milieux naturels.

1- Le plateau

S’il nous fallait choisir un milieu naturel emblématique du Causse Comtal, nous proposerions, sans hésiter ces pelouses sèches à graminées, tantôt verdoyantes, tantôt jaunissantes, selon les saisons, où l’on rencontre encore de si belles orchidées au printemps (plus de 30 espèces identifiées),  la Carline à feuilles d’acanthe, (notre célèbre « cardabelle »), le Panicaut champêtre et son discret et délicieux compagnon, le Pleurote, (notre très recherché « babissou ») et bien d’autres espèces herbacées ou ligneuses résistant à la sècheresse et à la pauvreté du sol. Deux arbustes « sempervirens » mettent, sur ces vastes étendues, des touches d’un beau vert sombre, hiver comme été  le Genévrier commun (vers Concourè) et le Buis (vers Le Bruel) Ces parcours de pâturage (« devèzes ») voient leur étendue diminuer considérablement, soit au profit de cultures (céréales, prairies artificielles) rendues possibles par l’épierrage et la puissance de la mécanisation agricole, soit par la fermeture de ces milieux jadis ouverts dès que la pression du pastoralisme disparaît, envahis qu’ils sont par de nombreuses espèces ligneuses arbustives: Prunellier surtout, avec le genévrier déjà cité, mais aussi, Cornouiller sanguin, Troène, Nerprun, Viorne lantane, Eglantier, Fusain, Ronce commune…Le Chêne pubescent est le principal représentant de la strate arborée accompagné, ici ou là, de l’Erable champêtre ou, de l’assez inattendu Alisier blanc, espèce généralement montagnarde.

Les combes argilo-marneuses qui entourent le village de Barriac offrent un paysage plus nettement bocager où de vastes parcelles verdoyantes sont entourées de haies dans lesquelles abondent le Noisetier et l’Aubépine et de nombreux arbres de haute tige tel le très fréquent Frêne commun (dont le feuillage a été, de tous temps, apprécié comme fourrage de complément, notamment en période de sècheresse) ou le majestueux Chêne pédonculé ou bien encore le Noyer.

N’oublions pas les grimpantes ou autres volubiles, qu’elles soient ligneuses, comme la Clématite, le Chèvrefeuille, le Lierre ou herbacées comme la Bryone dioïque ou le Tamier commun (le fameux « reponchon .

On peut encore citer ces grandes plantes des fossés et des talus qui bordent, généralement,   routes et chemins, comme le Sureau yèble, la Cardère sylvestre, la Grande Berce, la Chicorée sauvage, la Molène bouillon blanc,  le Séneçon jacobée, l’Hellébore fétide et autres Cirses, et Chardons…

Viorne Lantane

Ce vaste territoire abrite une faune d’une grande diversité que sa grande discrétion fait souvent passer inaperçue, surtout en ce qui concerne les mammifères : c’est le domaine du Lièvre, du Renard et du Chevreuil…L’Oedicnème criard (le « tourouli ») en est l’oiseau emblématique, il y côtoie parfois la trop rare Perdrix rouge. De nombreuses espèces d’oiseaux plus petits nichent sur les arbustes, dans les haies ou à même le sol, nous citerons, parmi les plus remarquables, la « sanguinaire » Pie-grièche écorcheur, le très discret Engoulevent, le Pic vert et le Pic épeiche, la très élégante Huppe fasciée, et de  très nombreux passereaux qu’ils soient sédentaires, comme les Mésanges et l’omniprésent Merle noir ou migrateurs, comme la  Grive litorne « la tchaque » friande des baies du genévrier et que certains hivers rudes nous  amènent, parfois, en importantes colonies.

Les becs droits : Geai des chênes, Pie bavarde, Corneille noire se partagent le ciel avec les rapaces : Buse variable, Milan royal, Epervier, Faucon crécerelle, parfois même, Circaète Jean-le-Blanc, qui se nourrit exclusivement des reptiles qu’il repère, grâce à son vol stationnaire, Couleuvre verte et jaune, Vipère aspic ou Lézard vert.

Oedicnème criard

Chevreuil mâle

2- Les gorges

La zone qui nous intéresse comprend la rive gauche du Dourdou et son versant abrupte exposé au Nord ainsi que l’étroit canyon du Gibrou. Nous y trouverons des espèces recherchant l’ombre et l’humidité comme le Hêtre, côtoyant souvent le chêne, le frêne, l’érable et surtout le buis, précédemment cités, auxquels on peut ajouter le Tilleul et, plus rarement, l’Erable de Montpellier ou l’Alisier torminal. Quant à l’Aulne glutineux, « le vernhe », c’est, pratiquement, les pieds dans l’eau, qu’on le rencontrera, au bord du Dourdou, en compagnie des Saules et des Peupliers.

      Les sous-bois, ainsi que l’étroite bande herbeuse entre le ruisseau et le pied du versant pentu sont riches d’espèces très variées, ligneuses, comme le Fragon, le Groseillier alpin, le Sureau noir ou surtout herbacées, comme l’Arum d’Italie, le Sceau de Salomon, l’Ail des ours, l’Ornithogale des Pyrénées, la Reine des prés ou le magnifique Lis martagon. Plus près du sol, nous citerons ces belles printanières que sont la Ficaire, l’Anémone Sylvie ou, tout près de l’eau, la curieuse Lathrée clandestine. La fin de l’été nous ramènera, inévitablement, le beau, mais vénéneux Colchique.

      Ce rapide survol de la flore de ces lieux, ne peut se terminer, sans signaler la présence de nombreuses plantes sans fleurs, telles que la Prêle, des fougères comme la Scolopendre, le Polypode, la Fougère mâle, des lichens et des mousses qui, parfois s’accrochent aux branches comme c’est le cas dans le très particulier biotope du canyon du Gibrou, en amont et en aval des ruines du moulin de Carcamagne.

Scolopendre Officinale

Chevreuil mâle

La faune y est encore plus diversifiée que celle du plateau, puisqu’à celle citée plus haut et qui peut être, éventuellement de passage ici, il convient d’ajouter, en premier lieu, pour les mammifères, l’Ecureuil  puis, le Sanglier et, pratiquement tous les représentants de la nombreuse famille des mustélidés : Blaireau, Martre, Fouine, Putois, Hermine, Belette et même la Loutre, dont la présence est maintenant confirmée le long du Dourdou. La Genette est également présente ainsi que le Rat musqué et le Ragondin, espèces plutôt indésirables, apparues chez nous vers la fin du siècle dernier.

Pour les oiseaux, nous citerons les espèces directement tributaires du ruisseau : Martin pêcheur, Cincle plongeur, Bergeronnette des ruisseaux ou encore Canard colvert et Héron cendré, celles qui nichent dans les falaises ou les grands arbres : Grand corbeau,

Faucon pèlerin, Hibou grand-duc et moyen-duc, Chouette hulotte, Pigeon ramier, Tourterelle des bois, Pic noir…et, aussi, cette mythique et mystérieuse visiteuse automnale : la Bécasse des bois.

Reptiles, batraciens et poissons sont également bien représentés avec, notamment, la Couleuvre à collier, la Couleuvre  vipérine, la Salamandre commune, le Triton palmé et le Triton marbré, le Crapaud accoucheur, la Grenouille rousse… Si Vairons et Goujons   sont encore bien présents dans les eaux du Dourdou, la Truite fario s’y raréfie inexorablement…tandis qu’un crustacé, venu de très loin y prolifère : l’Ecrevisse de Californie !

Blaireau

Après ce rapide survol de la flore et de la faune des environs de Barriac, on ne peut qu’éprouver un sentiment d’insatisfaction, dû, non pas tant à la crainte d’avoir commis des inexactitudes, la présence de toutes les espèces citées ayant été vérifiée sur le terrain, mais à la certitude d’avoir été très incomplet, pour la flore surtout, mais pour la micro-faune aussi (petits mammifères insectivores et rongeurs, insectes et autres articulés, mollusques…) C’est un peu comme si nous ne vous avions montré que la partie émergée de l’iceberg de cette biodiversité qui nous entoure quotidiennement et de très près et qui, si nous n’y prenons garde, risque de s’appauvrir de façon irréversible.

Henri Recoules, animateur du club « Nature & Patrimoine Bozouls-Comtal »