Patrimoine naturel
Du Soucicq aux Douzes
Le dimanche 4 avril 1993, Guy Roumégous et Josef Ulla conduirent une randonnée pédestre organisée au profit de la coopérative scolaire de l’école de Bezonnes qui mena les participants à travers le Causse, de dolmens en cascades cachées.
A cette occasion, Guy Roumégous écrivit un texte pour présenter une caractéristique du réseau des eaux pluviales et souterraines de Barriac.
« Nous voici au lieu dit le Soucicq, c’est le nom donné aux parcelles de ce secteur. Le ruisselet qui coule ici provient du bas du village de Barriac, et également par un autre ru venant de la ferme de la Planhe et longeant le hameau de Carnus. Il n’est visible que par temps de pluie.
La branche qui remonte jusqu’à Barriac commence au lieu dit les Escouders, près de la mare qui se trouve placée juste sur une ligne de partage des eaux. Le trop plein de cette mare s’écoule dans la direction opposée vers la Planhe. Le petit ruisseau qui en découle sert de drain naturel aux prairies qu’il traverse. Il est d’ailleurs plus ou moins entretenu à certains endroits (fossés recreusés, gués, passages busés).
Ici, un barrage naturel s’est formé et nous voyons le filet d’eau s’enfoncer d’un seul coup dans le sol à l’extrémité du pré et de la ligne de peupliers. Lors des périodes de fortes pluies, le pré se trouve entièrement inondé ainsi qu’une partie des prairies attenantes de part et d’autre et en amont. Nous pouvons constater les traces du niveau de l’eau sur les troncs des peupliers.
La hauteur d’eau maximum doit atteindre environ 4 mètres au point le plus bas du terrain.
Si une période pluvieuse se prolonge, et, surtout si la pluie tombe rapidement, la prise d’eau souterraine s’avère trop faible et l’eau s’évacue alors par dessus bord, empruntant ainsi la vallée que nous allons suivre tout à l’heure à travers champs, prés et chemins jusqu’au lieu dit les Douzes ou elle rejoint la résurgence de la rivière
souterraine; dans ce cas là, on dit que le Soucicq « descend ». Ce phénomène arrive peu fréquemment ces dernières années à cause des périodes sèches que nous avons eues mais cela n’en reste pas moins spectaculaire et surprenant lorsque cela se produit. La distance entre le Soucicq et les Douzes est d’environ 1,5 kilomètres et le dénivellement estimé à une cinquantaine de mètres.
En descendant la vallée des Douzes, nous trouvons une première source qui traverse le chemin perpendiculairement. Autrefois une auge de bois formait un abreuvoir pour les bêtes; elle était située juste à la sortie du rocher, mais elle a pourri avec le temps et n’a pas été remplacée.
Un peu plus loin, mais sur le même plan horizontal, en prenant le petit sentier à droite du grand chemin se trouve une deuxième source, la plus importante. Elle alimente trois abreuvoirs en béton armé installés par les habitants de Lédénac à la fin des années 40. Il faut dire que l’adduction d’eau d’Aubrac n’a été réalisée qu’en 1969 et que, lors des périodes sèches, alors que la source de la mare de Lédénac (située sur le chemin du dolmen des Costes Basses) tarissait, c’est le site des Douzes qui devenait le point d’eau le plus proche du hameau pour fournir l’eau aux habitants et aux animaux qui y étaient amenés une fois par jour.
En contournant la falaise après les abreuvoirs, on peut observer un percement dans le rocher à quelques 4 mètres en surplomb du chemin: c’est la Draounière.
Lorsque la retenue du Soucicq est pleine, l’eau en surpression sort du trou à flots, en cascade, avec un bruit assourdissant qui, amplifié par la falaise rocheuse, peut être entendue jusqu’à Lédénac par vent du nord et dans le silence. La chute de la cascade,selon la pression, arrive parfois à traverser entièrement le chemin et, on peut alors passer en dessous, en longeant les rochers, sans se mouiller.
En période sèche, la Draounière peut être visitée par des spéléologues, même amateurs. Elle donne accès à un boyau qui est le conduit de la rivière souterraine. Dans la première centaine de mètres, on retrouve, perpendiculaires à la direction de la galerie, les deux départs très étroits qui alimentent les sources décrites précédemment. On peut ainsi parcourir environ 500 à 600 mètres avant de buter sur un siphon étroit interdisant tout passage ».