Histoire

Témoignages

Comment on soignait les bêtes autrefois sur le causse de Barriac

Autrefois la santé des bêtes primait souvent sur celle des humains . La santé d’une ferme, c’était d’abord celle du cheptel. ,
Le recours au vétérinaire restait exceptionnel et laissait place aux moyens du bord, aux « recettes » ancestrales. On soignait les maux d’estomac des vaches avec une décoction de vipère macérée dans l’eau de vie ! La recette de ce « bouillon de vipère », issue de la transmission orale, disait à peu près ceci :
« couper la tête et la queue de la vipère, la suspendre à un crochet, fendre sur la longueur, écorcher en tenant un bout du squelette, jeter la peau, disposer dans une bouteille pleine d’eau de vie . »
Egalement souverain pour les vaches, le « thé d’aubrac » ( que l’on ramassait à la Ste Christine, fin juillet ) et qui avait macéré dans l’eau de vie, faisait partie de l’arsenal thérapeutique .

On soignait la « pépie » ( langue qui sèche ) des poules avec une décoction de plantin , ainsi que le « baille-bec » ( larves dans la trachée artère qui provoquent un étouffement ) .

Les vessies de porc, séchées à la poutre, faisaient office de poire à lavement pour les brebis malades .
Pour soulager les brebis gonflées par la fermentation d’un excès de luzerne on avait recours à un couteau spécial, le « trocart » , à lame ronde dans un étui faisant office de canule, pour percer la panse . Opération toutefois délicate, à l’issue souvent fatale pour l’animal si la manœuvre était maladroitement conduite .
Pour prévenir le gonflement on faisait ingurgiter de force à la brebis du lard rance en petites lanières, ou bien du petit lait rance . A cet effet il fallait stocker, en prévention, une bouteille de ce dernier breuvage à l’entrée du champ de luzerne .

Enfin, il n’y a pas si longtemps encore, on pendait au milieu de l’étable un bouquet de « pissa-can » ( prononcer pissò-cò, plante surnommée « pisse-chien » à feuilles vertes comme un choux, que l’on trouve « par les coudercs » ) pour préserver les bêtes des maladies .

Bien d’autres médications avaient cours, parfois efficaces, parfois non . A chacun de compléter cet inventaire modeste et d’en faire part aux générations actuelles !

Collectages auprès d’ « anciens » du causse de Barriac : Alain Féral .